Avant de lire ...
Et voilà, je suis prêt. A peine détourné de ma route au sortie d'une réunion ce matin, je me suis offert un crochet par la FNAC pour aller y chercher un livre commandé il y a dix jours. Ce soir, je vais m'offrir une pause lecture. Je prends l'ouvrage, le caresse et laisse vagabonder mes pensées. Comme souvent, quand je vais commencer un livre, je regarde sa couverture et je laisse monter en moi des questions à propos de ce que je crois que je vais trouver dans ce livre, morceau d'un autre, l'auteur; livre qui sera probablement aussi un morceau de moi puisque lire c'est se chercher, et parfois se trouver, dans les mots d'un tiers.
La couverture est noire, une main - gauche, cela a-t-il du sens? - est gantée de blanc, de caoutchouc blanc - comme si la main ne devait pas être en contact direct avec l'objet tenu - pourquoi? par peur de souiller, d'abimer, comme des joailliers manipulant des pierres précieuses ou des conservateurs de musé en présence d'un tableau de maître? ou la main est-elle gantée par peur d'être souillée ou infectée comme la main d'un soignant qui manipule un patient ensanglanté? - la main donc, disais-je, soutient entre ces doigts un masque, un masque neutre - pourquoi un masque neutre? pour souligner l'inexistence du sujet ou son anonymat ou encore l'impossible personnalisation du sujet et son interchangeabilité?
Le titre accroche, met en question: Un si fragile vernis d'humanité. L'idée même de vernis associée au mot humanité fait penser à un vernis qui se craquelle, qui ne tiendra pas bien longtemps. Comme en plus, l'auteur lui accolle l'idée de 'si fragile' ... Et puis il y a un sous-titre: banalité du mal, banalité du bien... Tout un programme de questionnement!
Je pressens que l'auteur, Michel Terestchenko, va m'emmener dans une réflexion prenante et riche. Alors, je tourne le livre et je découvre la quatrième de couverture. Qu'est-ce qui fait de nous des héros ou des salauds? Qu'est-ce qui décide du côté où, in fine, on se situe? Je vous cite seulement deux extraits: "Les travaux qui analysent les phénomènes de soumission à l'autorité, de conformisme de groupe ou de passivité face à des situations de détresse invitent à comprendre tout autrement les conduites de destructivité." ... L'auteur propose de penser les conduites humaines face au mal selon un nouveau paradigme: celui de l'absence ou de la présence à soi".
Quand je pressentais que ce livre avait à me parler... j'avais certainement raison. Alors, vite, je poste ce billet et je m'enfonce dans le fauteuil, livre en main. Bonne soirée!
PS: Merci à Pakita qui, dans son commentaire à mon billet Voyage au pays de l'horreur, m'a donné envie de lire ce livre. Elle avait mis un lien que je remets avec plaisir http://pakitaboudoir.canalblog.com/archives/2008/10/01/11777124.html