Une page à tourner
Je me sens assis entre deux chaises. Celle que j'occupais avant, plutôt austère, inconfortable parfois, un peu bancale souvent et celle que je voudrais occuper davantage, celle d'un bureau qui a perdu le statut de lieu professionnel pour devenir antre de paix, lieu de miroir de l'âme, endroit de non-travail et cependant de production certaine, profonde, intime, riche en enseignement sur moi-même, mon parcours, mon présent teinté de passé. Je voudrais pouvoir m'asseoir entièrement à ma place, celle qui me met au centre de moi-même pour mieux me décentrer et me regarder vivre, sans complaisance mais avec complicité. Etre assis pour moi et la vie nouvelle qui est la mienne, vie que je partage avec bonheur avec celle qui fait route avec moi.
Mais, voilà, au fond de moi, je sais, je sens que je n'ai pas encore tourné la page. Quand je prends place à mon bureau, je pense encore école, enseignement, jeunes à aider ... ce n'est pas mal, ça ne fait pas mal non plus ... mais j'y pense trop en termes de décisions à prendre, d'activités à mettre en place, de réactivité à insuffler à une équipe, à des collègues, à des partenaires de l'éducation. Or, je n'ai plus de décision à prendre. Il me faudra encore apprendre à voir vivre l'école -et non plus mon école- sans m'investir dans une réponse à donner; à voir et regarder sans juger de la réponse qui est donnée par d'autres que moi; à voir et à comprendre en adoptant un autre point de vue, une autre ligne de conduite... Pas toujours facile, et cependant nécessaire.
Allez, c'est dit, ce soir, je tournerai une page. Officiellement, je serai reçu par mon ancienne école. Ce sera la fête de mon au-revoir... le début d'un "autre voir"!