Ah, rigidité ... quand tu nous tiens!
La tradition d'exprimer des voeux à l'occasion de la Noël ou du Nouvel-an a des origines qui, selon les sources, remontent à la Rome antique, la Chine tout aussi séculaire, le Moyen-âge ou encore ... Il suffit de taper 'origines des voeux' sur google et les liens ne manquent pas.
Plus pittoresque, peut-être, mais le sait-on encore, la tradition d'exprimer des voeux aurait pu se perdre à tout jamais... En décembre 1791, dans un élan qui me semble un peu compliqué à comprendre, les conventionnels décidèrent en effet - ni plus, ni moins - de supprimer le jour de l'an! La coutume de l'échange des voeux était à leurs yeux d'une telle fausseté, que ces citoyens révolutionnaires avaient décrété la peine de mort contre quiconque ferait des visites, même de simples souhaits de jour de l'An. La vérification des messages et autres échanges épistolaires fonctionnait ce jour-là comme les autres jours et on ouvrait les lettres à la poste pour voir si elles ne contenaient pas des compliments.
Pourquoi? Grâce à messieurs le zélé député La Bletterie et au rigide sapeur Audoin. "Citoyens, s'était écrié le sieur La Bletterie après son escalade à la tribune de la Convention, assez d'hypocrisie ! Tout le monde sait que le Jour de l'An est un jour de fausses démonstrations, de frivoles cliquetis de joues, de fatigantes et avilissantes courbettes... »
Et le lendemain, remettant une couche, le sapeur Audoin, rédacteur du Journal Universel, répondit cette phrase mémorable : « Le Jour de l'An est supprimé : c'est fort bien. Qu'aucun citoyen, ce jour-là, ne s'avise de baiser la main d'une femme, parce qu'en se courbant, il perdrait l'attitude mâle et fière que doit avoir tout bon patriote ! »
Mais voilà ... les habitudes restent, même face à la réforme du calendrier républicain! En 1797, le jour de l'An fut rétabli. Il dure encore, même si, avec les technologies modernes, les modalités d'envoi des voeux ont quelque peu changé.
De son côté, le baise-main a quasi disparu ... quant à l'attitude mâle, droite et fière du patriote... existe-t-elle encore?