Funambule

Il y a quelques temps déjà ( nov. 2005), j'écrivais, sur un premier blog, ce besoin en moi de rechercher un équilibre. J'ai cherché..., je cherche toujours! Mais ce n'est pas facile.

"On" -  c'est-à-dire, je  - balance si souvent entre, d'une part, la paresse qui nous pousse à ne pas trop réfléchir et à suivre le cours des choses, du temps, de la pensée majoritaire, bref à nous fondre dans la masse, quitte à y perdre le devoir de responsabilité et, d'autre part, cette soif, ce besoin, ce devoir de réflexion, d'analyse qui, parfois ne nous donne seulement rien d'autre qu'une bonne conscience et nous laisse croire en notre intelligence et notre supériorité à n'être pas... comme la masse.

Tant de sollicitations à avoir un avis et à le dire ... Tant d'attentes, me semble-t-il, à ce que les réponses soient conforme à la pensée dominante ce qui évite l'obligation d'approfondir, de nuancer, de rectifier les points de vue.  Quelques exemples de ces questions soulevées à profusion mais qui ne souhaitent pas vraiment d'avis personnels et réfléchis? La position face au "foulard", l'acceptation ou non de l'idée de la nomination comme primat de l'Eglise de Belgique de Monseigneur Léonard, plus prosaïquement, l'avis que tout un chacun se doit d'émettre sur la capacité du gouvernement d'assurer une gestion de la 'crise' provoquée par quelques flocons de neige sur nos routes et aéroports... Sur tout, sur rien, il nous faut entendre des paroles, souvent vides et se positionner en "accordé" pour ne pas faire trop de vagues... Ainsi s'alimentent les vérités stériles des discussions de cafés du commerce...

Dieu que c'est dur, parfois, de refuser de répondre dans l'abrupt, dans l'immédiateté d'une interpellation qui ne sert qu'à entretenir l'illusion de communication. La croyance qu'il y a de réels contacts entre les gens qui se croisent sur le lieu ou le chemin du travail, dans les files d'attente aux caisses des magasins et même lors des repas ou les visites au sein de la famille.

Ah, comme pouvoir se taire est un luxe dont on ne peut socialement toujours profiter.

Voici ce que j'écrivais en 2005 ... pas grand chose à modifier.

Je voudrais avoir cette posture du funambule qui avance à pas glissés sur le fil de la vie en fondant son équilibre sur la longueur de son balancier. Plus il peut le porter long, plus il peut prendre appui sur des extrêmes opposés et trouver l'équilibre des forces contradictoires. C'est alors qu'il trouve sa sécurité et ose affronter le danger en toute sérénité.

La vie, la rumeur, les médias, l'instinct, l'habitude, la lâcheté nous poussent souvent à prendre des positions tranchées. On doit être pour ou contre, blanc ou noir, salé ou sucré, jeune ou vieux beau ou moche, gros ou mince, pour les uns et contre les autres! Entre les contraires, le vide, le trou, l'absence de nuance.

Pourtant, le vrai courage en philosophie est de pouvoir penser pluriel. Non ce pluralisme des idées qui accepte sans analyse, sans filtre et sans critique tout et son contraire, mais cette pensée plurielle, ouverte, questionnante et réfléchie qui, avec sagesse et rigueur, relie les points de vue, les soupèse, et surtout tente de les articuler dans une dynamique toujours risquée mais toujours exaltante.

Je voudrais, comme le funambule ne pas magnifier les extrêmes, mais prendre appui sur eux pour me construire une position d'équilibre!
(18/11/2005)

Comments

[Martine]

plus tard avais-je dit ,,
Oh comme le temps passe vite hélas, aujourd'hui encore je n'ai que celui d'un bonjour en passant ....

[Turquoise1960]

régulièrement, je me pose ce genre de question, mais pas tout à fait de la même façon... chez moi, ça s'exprime plutôt "mon mode de vie est-il vraiment en adéquation avec ma pensée profonde" ?

D'un côté, je fais des choix de bien-être, de sérénité... qui vont parfois de pair avec une certaine matérialité... et puis, d'un autre côté, ma pensée s'évade tout à fait à l'opposé...

Je te souhaite un excellent week-end... bizzz...

[Martine]

""Je voudrais, comme le funambule ne pas magnifier les extrêmes, mais prendre appui sur eux pour me construire une position d'équilibre!"

je viens de lire et à chaud sans aucun recul ..mais il me faut vous dire de suite tout le bien que je pense de cette réflexion...

oui il me fallait vous le dire là en toute spontanéité ...
plus tard viendra le moment de la développer,
pour l'instant je relis et j'en apprécie chaque nuances...

[alainx]

"ce besoin, ce devoir de réflexion, d'analyse qui, parfois ne nous donne seulement rien d'autre qu'une bonne conscience et nous laisse croire en notre intelligence et notre supériorité à n'être pas... comme la masse."

PAF !
en plein dans le mille....
Ca fait plusieurs jours que je tourne autour de "ça", par rapport à ce que j'écris en ce moment sur mon blog.
D'où : Opération silence !

L'adage a peut-être raison : le silence est d'or...