My kingdom ...
Au milieu d'un environnement technologique de pointe, j'ai fait l'expérience d'un manque cruel d'un simple bidon plastique! Urinal, ils appellent ça dans le jargon hospitalier. Je connaissais le terme et donc quand j'en demandais un, c'était en termes choisis et bien appropriés. Mais voilà, je n'avais pas enregistré le fait que j'étais admis aux urgences d'un centre hospitalier universitaire à la pointe ... à la pointe de la recherche médicale? oui! Mais pas vraiment dans une dynamique de respect humain du patient? Patient, c'est le terme qui convient, paraît-il, mais comment être patient quand vous êtes trimbalé sur un lit d'hôpital entre le box médical qui est (pour de longues heures) votre port d'attache et des portes closes qui devraient s'ouvrir pour assurer les radios, scan, écho doppler et autres vérifications d'un diagnostique qui a , par ailleurs déjà été posé par votre médecin traitant?
J'avais mal, très mal et je n'en menais pas large lorsque j'ai été débarqué aux urgences. Mon médecin traitant avait émis son avis sur la situation, l'embolie pulmonaire était clairement annoncée. C'est fou ce que ça fait mal! Quand vous avez mal comme ça, vous n'avez vraiment pas envie de souffrir, en plus, pour une vessie trop pleine! Mais le dire n'arrange pas nécessairement les choses... J'ai demandé un urinal, on m'a répondu qu'on allait d'abord vite me conduire au xiéme examen... car la machine était libre... Une fois devant la porte, j'ai attendu dans la file, comme les autres lits qui me précédaient. J'ai redemandé un urinal... "on va vous le donner", "tout de suite", "on fait l'examen et on s'en occupe"... Promesses, promesses, promesses... L'examen fini, on vous remet dans le couloir, vous n'avez toujours pas l'urinal...
J'avais mal, très mal et j'en menais de moins en moins large... Bien qu'ayant mal, très mal, vous trouvez la force de vous redresser sur votre lit (parfaitement, et à juste titre, totalement déconseillé par la Faculté!!!) et vous interpellez tout qui passe: un médecin, un brancardier, l'infirmière qui prend en charge le lit suivant, un accompagnateur d'un autre patient, un ambulancier, une stagiaire, même un passant qui passe. Vous répétez sans cesse du bout des lèvres: "urinal, svp, urinal!" Votre corps entier le crie, le transpire ... mais personne ne vous entend et ceux qui ont capté le message déclinent: "on va venir", "je ne suis pas du service", "patientez un peu" ou encore, plus cruel: "oui, monsieur, je m'en occupe" ... et vous ne revoyez jamais la personne à qui, mentalement, vous aviez déjà décerné le titre de 'bon samaritain'.
Tout, tout, tout, j'aurais tout donné pour obtenir le droit de soulager ma vessie dans la dignité! Ma kingdom for a urinal!