Aimer ... pouvoir se le dire!
Aimer et se le dire (titre d'un ouvrage de Salomé, je crois)... C'est à ça que je pensais durant les mauvais jours qui ont été les miens ces derniers temps. Enfermé dans le silence que m'imposait mon état de santé, la forme m'avait quitté, la peur avait pris sa place. Et je ne savais trop comment gérer les déferlantes de pensées négatives qui, vague après vague, marée après marée, me submergeaient ... ou presque! Car, j'ai toujours gardé présent au coeur et à l'esprit les mots "je t'aime" ... Ce sont des mots qui me font vivre et secrètement je les adressais , dans mon silence, à celle qui a été tout le temps présente. Je les réservais aussi pour les adresser à la vie, elle même. Mais voilà, ces mots sont trop souvent restés sur mes lèvres, prêts à sortir, mais bloqués là, malgré l'envie de les dire... Ils auraient pourtant fait du bien à ceux à qui ils étaient secrètement adressés. Mais je n'avais pas l'énergie nécessaire pour les dire! Là, j'ai vécu un drame intérieur! Jamais, auparavant, je ne m'étais rendu compte de cette impossibilité de dégager l'énergie nécessaire à dire les 'je t'aime' que j'avais envie de dire...
Je n'avais jamais mesuré la dépense d'énergie que nécessite la lutte contre la douleur, la peur. Je ne connaissais pas la difficulté d'encore trouver des mots, un sourire pour dire je t'aime alors que j'étais face à une lutte qui occupait déjà toutes nos forces pour être plus fort que ce qui agressait ma vie, mon équilibre, mon être. Jamais je n'avais mesuré à sa juste valeur le prix d'un regard aimant posé sur ma faiblesse? Je n'avais jamais ressenti à ce point le bienfait d'une présence qui, même en silence, me disait sans arrêt que je suis aimé et que la vie a besoin de moi.
Pourquoi ce billet? Pourquoi dire cela? Je ne sais trop. Simplement, je m'interroge. A-t-on (ai-je) assez conscience que les gens autour de nous souffrent, qu'ils sont parfois au fond d'un trou et qu'ils n'ont pas toujours l'énergie nécessaire pour être ailleurs? A-t-on (ai-je) assez pris conscience qu'ils pourraient être encore plus au fond s'ils ne s'accrochaient pas à la vie? Est-on (suis-je) une bouée pour eux, une main tendue pour qu'ils s'accrochent, un regard bienveillant? Je pense que trop souvent, je ne suis pas à la hauteur de leurs espérances, de leurs besoins.
J'espère que je pourrai, dorénavant, me situer en phase avec eux, compatissant dans la souffrance et qu'ils pourront poser leur regard sur moi. Je le souhaite, j'en ai bénéficié et j'en connais le prix.